Un super we pour découvrir le versant Nord du Vignemale pour une première sortie avec Corentin.
On décide de partir vendredi soir du Pont d’Espagne pour passer une nuit aux Oulettes de Gaube. Départ du parking vers 19h pour un départ tardif, après une semaine de taff à 50h autant dire que je ne vais pas trop me reposer, il va falloir vite passer en mode week-end !
Comme la dernière fois que je suis monté aux Oulettes, le temps est brumeux, j’espère que cela va se dégager, car même après 6 ans dans les Pyrénées je n’ai jamais vu le Vignemale depuis les Oulettes … il faut le faire !
Même avec la fatigue de la semaine, on part sur un bon rythme avec la chaleur c’est assez éprouvant. Après la montée au dessus du Lac de Gaube, le temps semble enfin se dégager et le ciel tout proche …

Sur le dernier replat avant le refuge, la totalité de la Face Nord du Vignemale apparaît enfin. Grand frisson devant ce véritable monstre de calcaire, j’ai du mal à lâcher le regard de ces immenses parois.
On arrive enfin au refuge après deux heures bien physiques. On échange un peu avec les gardiens sur l’itinéraire d’approche le plus commode pour demain. Cela ne m’étonne plus trop mais nous sommes les seuls alpinistes du refuge, à croire que nous sommes une espèce disparue, pourtant il est annoncé beau pour demain. Après une bonne bière qui fera office de somnifère, nous partons au lit pour une nuit où il faudra vite récupérer de la semaine passée.
Le lendemain à 5h30, nous prenons le petit déjeuner dans l’obscurité de la salle à manger déserte. Nous sortons du refuge à 6h, la nuit est claire et nous laisse voir les parois écrasantes de la Face Nord.
Après une approche morainique nous tardons pas à chausser les crampons sous l’Aiguille des Glaciers, Corentin me parle déjà de tenter son ascension qui est l’une des plus aventureuses du coin, on est sur la même longueur d’onde !

Derrière nous, un autre sommet qui doit mériter une visite, le Chabarou et son Pilier Sud. Le rocher à quand même l’air pourri.
Derrière nous le Vignemale nous laisse admirer ses 900m de parois.
Après 1h30 d’approche, nous sommes devant l’éperon qui se détache bien.
Un dernier coup d’œil à l’Aiguille des Glacier qui nous domine de 700m et c’est parti pour l’éperon.
L’attaque est plutôt originale, la rimaye étant assez large et la pente raide, nous décidons de faire un R0 sur broche à glace, plutôt cocasse pour un mois d’août dans les Pyrénées.
Corentin se lance donc dans la L1 en crampons, il trouve une petite vire pour se libérer de ces engins pas très commode pour grimper et le mixte attendra bien l’hiver !
Les premières longueurs sont plaisantes et l’itinéraire logique, quelques pitons pour confirmer qu’on s’est pas planté.
On commence doucement à prendre de la hauteur, l’escalade reste dans du IV, en grosse il faut bien poser les pied !
La mer de nuage commence à prendre de la hauteur et nous espérons rester au-dessus.
Après une longueur en tête, je fais relais tout proche d’un itinéraire mixte de haut vol, la goulotte Lechêne, une fois en glace cela doit être une véritable aventure de se retrouver dans les entrailles de cette parois.
On continu par une longueur en dalles remplie de fines écailles qui ne semblent pas solides du tout. Mais au final, en testant soigneusement toutes les prises, le rocher s’avère très sain.
Après je ne sais combien de longueurs, on profite d’une bonne vire pour se restaurer !
Pour la prochaine longueur, on vise le gendarme, très belle escalade où j’ai pris du plaisir à grimper en tête.
De son côté, la mer de nuages continue à monter tranquillement et n’est plus très loin de nous.
Corentin passe à gauche du Gendarme pour atteindre la crête de l’éperon.
On surplombe la voie des séracs très fracturée.
Les derniers 150m sont moins soutenus dans un rocher moins sain, après une longueur rigolote dans un couloir où je passe en ranfougne, on peut profiter d’une vue plongeante sur le glacier du Petit Vignemale.
Les dernières longueurs sont faciles mais dans un rocher délicat, on ne sait pas trop si nous sommes dans l’itinéraire, il pleut même des cailloux par moment, heureusement je suis bien protégé sur mon relais.
On a quand même le luxe de faire une sortie directe au sommet juste à droite du cairn, le must !
On peut voir sur mon visage ma joie d’être au sommet ! Mon compagnon ne m’a même pas dit que j’ai laissé ma frontale de travers sur mon casque …
Les nuages sont bien montés, seules les hautes cimes dépassent.
Notre prochain site de goulottes pour le mois de novembre ?
Nous ne ferons pas d’enchaînement sur l’arête jusqu’au Vignemale car on a quand même bien traîné.
Surtout que les nuages commencent à envahir tout le ciel pour laisser qu’une fine couche de ciel bleu.
On quitte le sommet pour rejoindre la Hourquette d’Ossoue en 20 minutes. Le sentier du retour est long et nous sommes dans la brume jusqu’au refuge. Petite douche dans le torrent proche des 5°C pour Corentin !
Nous faisons notre retour sur la course aux gardiens qui ont été bienveillants en nous suivant aux jumelles, merci beaucoup a eux même si ils ont pas du beaucoup nous voir sur la fin !
Ce soir le refuge est complet et nous prenons place en bout de table, c’est ça de réserver au dernier moment quand le refuge est marqué complet sur internet ! Nous sommes toujours les seuls grimpeurs et nos voisins de tables sont curieux d’en savoir un peu plus sur notre pratique.
Au moment de revenir dans notre dortoir de la veille, horreur ! On a pris notre lit … Retour vers les gardiens pour comprendre ce qu’il s’est passé. Il n’y a plus de place mais on peut rajouter un matelas. Après avoir tourné dans tous les dortoirs, on apprend qu’il y a une réservation au nom de Clément, mais c’est mon prénom ça ! Fausse alerte donc, qu’elle idée d’avoir un nom de famille qui sert de prénom aussi !
Demain, nous avions prévu comme objectif la Face Nord Classique de la Pique Longue. Mais vu notre fatigue et l’horaire d’aujourd’hui bien explosée, nous préférons reporter cette course à plus tard. Nous allons quand même repérer la voie d’attaque histoire de gagner du temps.
Le lendemain, approche très simple, tout droit … Jusqu’à buter sur le Glacier des Oulettes. Corentin se prête à un exercice improbable dans les Pyrénées au mois d’août, l’escalade de séracs … Un bon 3 je pense. Avec seulement deux broches c’est un peu long. Au dessus du mur, il fait relais sur broche et je le rejoints, moi aussi j’ai bien le droit de m’amuser ! Heureusement nous sommes bien protéger des séracs et des rochers de la taille d’un congélateur qui n’arrêtent pas de tomber pour se fracasser plus bas en faisant un bruit de tonnerre.
Sans y aller, on repère de loin l’attaque de la Face Nord. Puis, on redescend en rappel sur abalakov.
On rejoint rapidement le refuge pour dire au revoir aux gardiens et on rejoint tranquillement sur un rythme de sénateur le Lac de Gaube et sa foule. Puis le parking au pas de course.
Un super we en compagnie de Corentin, pour une première ensemble ce fut une belle course, on a déjà coché la face nord pour fin septembre et peut être même l’éperon des Esparrets pour octobre, un beau programme.
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